Jeu et enjeux du virtuel

19 novembre 2014 Pas (encore) de commentaires... Par Ghislaine

Le jeu ne concerne heureusement pas que les enfants : voici un deuxième article tiré de la conférence « ENjeux de Société », qui traite plus particulièrement des jeux vidéos. Une activité qu’il nous tarde de partager avec les enfants, mais en attendant qui nous donne aussi à réfléchir…

Le jeu vidéo, nouvel univers qui rebat les cartes de l’apprentissage

L’intérêt du jeu comme vecteur d’apprentissage continue tout au long de la vie : les serious games permettent de sensibiliser les populations aux grands enjeux, que ce soit à l’échelle de l’entreprise comme on peut le voir dans beaucoup de séminaires professionnels, mais également sur des jeux comme SimCity (écologie, urbanisme…) ou sur l’importance de la collaboration (World of Warcraft en mode PVE).

L’ère du numérique dans laquelle nous sommes a permis ce formidable outil qu’est la simulation : la simulation a fait du jeu un vecteur de transmission de valeur, d’expérience, qui transforme notre société tout entière et la fait passer d’une société de la communication (téléphone, mass média…) à une société de la symbiose (réseaux sociaux, MOOCMMORPG…).

Les MOOC sont des formations universitaire le plus souvent gratuites et accessibles en ligne. Les MMORPG sont les jeux massivement multijoueurs, également accessibles sur internet. Ces deux nouveaux modes de communication sont des outils extraordinaires d’apprentissage.

En parallèle, les outils numériques ne sont plus seulement portables, ils sont « métables », voire dans un futur proche, « pensables » (cf le Human Brain Project, qui a pour objectif de de développer de nouvelles thérapies médicales plus efficaces sur les maladies neurologiques). J’ai eu la chance d’essayer les lunettes d’Oculus Rift au dernier Paris Games Week, et c’était très impressionnant ! Ce sont des lunettes de simulation 3D qui permettent une immersion totale dans le jeu : j’ai essayé une course de voiture, et quand on se retourne sur son siège, on voit l’arrière de la voiture comme si on y était. Avec ce genre d’outil, qui sait quels jeux nous aurons demain ?

Les jeux vidéos sont-ils dangereux ?

La deuxième table ronde réunissait Florian Gazan, chroniqueur et animateur de télévision et surtout grand joueur de jeux vidéo, Olivier Dauba, Directeur Design Groupe chez Ubisoft (qui sort cette semaine le très médiatisé « Assassin’s Screed« ), et Michael Stora, psychologue et psychanalyste.

Ce dernier a commencé par souligner que plus on diabolise les jeux vidéo, plus les adolescents vont vouloir y jouer. Les jeux vidéo ne sont pas pour lui un problème pour le développement des adolescents, et il a rappelé avec beaucoup d’a propos que les bandes dessinées avaient eu, elles aussi, très mauvaise réputation au moment de leur apparition dans les bibliothèques, tout comme la radio, la télévision ou même les livres… Qui aujourd’hui sont les vecteurs de la culture et du savoir.

Pour ces experts, le jeu récréatif est un espace de mise en scène des pulsions agressives : les jeux vidéos peuvent avoir des dimensions éducatives mais globalement un jeu vidéo a un but récréatif. Les enfants ont toujours joué à la guerre, mais le jeu vidéo est un nouvel enjeu d »éducation : les parents perdent souvent contre leur enfant.

A quoi servent les normes ?

Les normes PEGI, qui définissent le public vers qui un jeu est conseillé, sont selon eux devenues des arguments de vente pour les éditeurs de jeux : lorsqu’un jeu (comme Assassin’s Screed) est noté pour les plus de 18 ans, cela le rend encore plus attractif pour les adolescents.

Pour les intervenants, les critères PEGI ne sont pas adaptés à la culture francophone : elles sont très anglo-saxonne. Par exemple, le jeu Kirikou a failli ne pas sortir car on voit le sein d’une africaine et le zizi de Kirikou… Evidemment, c’est beaucoup plus choquant que des boyaux qui explosent suite à l’envoi d’une grenade…

Fixer des règles, comme le disait Florian Gazan, fait partie du métier de parent. Il faut savoir l’accepter et parfois recevoir des regards « haineux » de ses enfants parce qu’on leur a interdit de jouer. Il faut savoir assumer cette position de parent « injuste » pour l’enfant : cette tâche est néanmoins plus facile pour notre génération que pour celle de nos parents, qui n’ont jamais connu les jeux vidéos et avaient donc beaucoup plus de difficulté à comprendre cet univers.

Quid de l’addiction aux jeux ?

Selon Michael Stora, il ne faut pas se méfier des jeux mais il faut se méfier de soi. Il existe une addiction, notamment aux jeux en ligne et sur les monde persistant, World of Warcraft pour ne pas le nommer. Ayant joué pendant 2 ans avec mon mari à haut niveau (nous étions une des premières guilde de notre serveur à « tomber le roi Liche », c’était le bon vieux temps), je suis très méfiante des discours des médecins sur ce sujet car on entend trop souvent que ce sont des jeux dangereux.

J’ai donc été soulagée de l’entendre dire que ce type d’addiction se trouve principalement dans des familles où les enfants « sont biberonnés à la réussite scolaire » et où le virtuel est un refuge : si votre enfant joue trop aux jeux vidéos, demandez vous d’abord si vous ne mettez pas la barre un peu haute et si vous ne devriez pas l’aider davantage sur les défis que vous lui proposez…

Olivier Dauba a aussi rappelé que les programmeurs de ce type de jeux mettait en place des systèmes pour limiter le temps passé des gros joueurs : systèmes de récompenses qui diminuent en fonction du temps passé sur le jeu, warning qui s’affichent sur l’écran des jeux de poker en ligne, etc.

Et pour les jeux d’argent ?

La troisième table ronde, qui concernait le jeu comme piment de la vie, n’a traité que des jeux d’argent : dommage qu’il n’y ait pas eu d’autres dimensions, notamment sexuelle ou sur les serious games en entreprises, notamment… Mais bon, c’était organisé par la Française des Jeux :). Jordi Quoidbach, docteur en Psychologie, nous a donné 5 conseils pour que l’argent fasse davantage notre bonheur :

  1. Acheter des expériences : les achats d’expérience rendent plus heureux que l’achat de produits « de luxe » qui deviennent plus ou moins rapidement obsolètes.
  2. Acheter du temps : se payer une baby sitter ou quelqu’un pour faire le repassage permet d’avoir du temps pour la partie 1/
  3. Payer maintenant et consommer plus tard : apparemment, payer « fait mal » aussi, pour profiter au mieux de notre 1/, il faut le payer bien avant de le faire. Et donc, surtout ne pas acheter des choses à crédit ou payable 6 mois après : on perd tout le bénéfice de l’achat.
  4. Dépenser pour les autres : faire des cadeaux aux autres procure plus de plaisir que de se faire des cadeaux à soi-même.
  5. Faire des pauses dans les sources de plaisir : que ce soit des bonbons ou des bons restaurants, il faut savoir s’en priver pendant quelques temps pour que le plaisir de la chose soit au maximum.

Apprendre à jouer

Ce qui m’a frappé dans cette conférence, c’est le parallèle qu’on peut faire entre jeu et alimentation : c’est une activité qui fait plaisir mais qu’il faut apprendre à intégrer dans un mode de vie sain, grâce à l’éducation et au partage. Les jeux permettent de transmettre des valeurs, de donner du plaisir et de partager des expériences… Mais ils peuvent entrainer aussi des comportements pathologiques, voire ne pas apporter tout le bénéfice qu’ils devraient lorsqu’ils ne sont pas très diversifié.

En conclusion, Candy Crush ou Angry Birds oui, mais en quantité raisonnable et à diversifier avec une partie de Tarot, un peu de World of Warcraft (mais pas trop), du Monopoly et en revanche le Scrabble c’est à volonté 😀

 

[update du 10 décembre] l’ensemble des conférences est disponible sur le site de la Française des Jeux, bonne écoute 🙂

 

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