Vivre en bonne santé

20 avril 2012 2 commentaires Par Ghislaine

On parle souvent de l’espérance de vie française comme une des plus longue au monde. Et de mettre en avant notre mode de vie et surtout notre alimentation. Mais ce qui importe à la plupart d’entre nous, c’est l’espérance de vie en bonne santé, dont on parle beaucoup moins.

L’espérance de vie sans incapacité n’est pas liée à l’espérance de vie globale



Moi qui croyait avoir encore au moins 40 ans devant moi, j’ai un peu déchanté devant ce communiqué de presse de l’Inserm : « Les dernières données sur l’espérance de vie en bonne santé dans les 27 pays de l’UE rendues publiques à Paris cette semaine » . En effet, ce n’est pas 82 ans et des pâquerettes que je dois prendre comme référence, mais plutôt 63 ans… « La France, qui affichait l’espérance de vie la plus longue pour les femmes en 2010 occupe la 10ème place en terme d’espérance de vie sans incapacité (EVSI), illustrant ainsi un cas de figure où longue vie ne coïncide pas avec une faible déclaration de limitations dans les activités usuelles », indique ce communiqué.

L’EVSI est le nombre d’années sans incapacité qu’il resterait à vivre, dans les conditions de mortalité d’une période donnée. L’enquête sur la Santé et les soins médicaux de 2003 permet de distinguer trois situations d’incapacité selon leurs besoins de soins, d’assistance ou d’aides techniques particulières : dans la première, la personne rencontre des problèmes fonctionnels, physiques et sensoriels. Dans la deuxième, elle présente des difficultés dans les activités en général. Dans la troisième catégorie, la personne présente des difficultés dans les activités de soins personnels.

Hier, l’Ined a rendus publiques les derniers chiffres, et notre EVSI est passée, pour les hommes, de 62,7 ans à 61,9 ans entre 2008 et 2010, et pour les femmes de 64,6 ans à 63,5 ans. Ça baisse !!! « Dans les pays où l’espérance de vie est déjà élevée, les gains d’années de vie se font aux âges les plus élevés, donc lorsqu’on est en moins bonne santé », selon Jean-Marie Robine, directeur de l’étude.

Les facteurs influant l’EVSI

Sans grande surprise, le premier facteur est la catégorie socio-professionnelle : les ouvriers ont une EVSI plus faible que les cadres.

Selon l’Ined, « la catégorie des inactifs est particulière : leur espérance de vie est extrêmement faible, particulièrement chez les hommes. Ces personnes sans activité professionnelle (ni retraité, ni chômeur) sont souvent déjà hors du marché du travail à cause d’un problème de santé, ce qui explique que leur risque de décéder soit bien supérieur à la moyenne. On constate aussi que les inactifs passent les deux tiers de leur espérance de vie très courte avec des incapacités de type I et un tiers avec des incapacités de type III. L’inactivité des femmes est plus fréquente et indépendante de raisons de santé pour bon nombre d’entre elles : les inactives ont cependant une espérance de vie de deux ans inférieure à celle des ouvrières et présentent les mêmes proportions de vie avec et sans incapacités ».

Toujours selon l’Ined, les « expériences difficiles passées » accroissent les risques de mauvaise santé, mais pas le risque d’être limité dans les activités. Ce résultat, qui doit être approfondi, pourrait là encore signifier que le passé expose aux risques de mauvaise santé, mais que la situation favorable du moment peut contribuer à en limiter les conséquences.

Et le reste ?!

De nombreuses études portent sur l’impact de l’environnement sur l’espérance de vie, mais peu sur l’EVSI… Quel est l’impact de l’alimentation, de l’activité physique, de la vie de famille ? Ou plus difficile à mesurer peut-être : de l’état psychologique ? La « pensée positive » est souvent donnée en exemple de facteur influançant la bonne santé, mais je n’ai rien trouvé sur ce point. C’est pourtant cette espérance de vie là qui nous intéresse, non ? Si vous avez des données, je suis preneuse !

Sources :

Communiqué de presse de l’Inserm

« L’espérance de vie en bonne santé baisse légèrement« , Le Point, 19 avril 2012

Article de l’Insee « L’espérance de vie s’accroît, les inégalités sociales face à la mort demeurent« , octobre 2011

Site de l’Ined « Facteurs sociaux, parcours de vie et santé« 

 

2 Commentaires

  1. Miliochka dit :
    Le 13 juillet 2012 - 11:45

    Attention à cette notion d’espérance de vie, très difficile à manier…

    Si les données concernant l’espérance de vie sont fiables et comparables entre pays (c’est la moyenne des âges de décès observés), c’est tout le contraire pour celles sur l’EVSI. Dans cette étude, pilotée par l’Inserm, elles résultent d’une seule question : « dans quelle mesure avez-vous été limité depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ?” posée à un échantillon de population tout âge confondu. Ce sondage est une initiative de l’Union Européenne qui souhaite améliorer le niveau de santé des Européens et a besoin d’indicateurs pour mesurer cela. Or les réponses à cette question sont trop subjectives et soumises à des variations culturelles importantes. On l’a bien vu lorsqu’on a interrogé les Européens sur leur bonheur ressenti il y a quelques années. À situation équivalente, les réponses entre cultures diffèrent profondément.

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    • Ghislaine dit :
      Le 14 juillet 2012 - 11:01

      Merci pour cette précision ! Ce que je trouve intéressant néanmoins, c’est déjà de se poser la question de la qualité de vie vs l’espérance de vie.

      La qualité de vie est une notion qui peut-être mesurée de façon objective (un de ses éléments peut être le niveau de revenu vs moyenne de la population par ex.), mais elle a forcément un volet subjectif qui est plus difficile à mesurer et donc la question posée dans le cadre de cette enquête permet d’avoir le ressenti des personnes. Le fait même que « À situation équivalente, les réponses entre cultures diffèrent profondément » montre bien que c’est davantage une question de ressenti qu’une question de revenu, de santé ou d’autonomie, même si ces facteurs y participent.

      Là où je partage ton point sur la faiblesse de la méthodologie, c’est que ce ne sont pas les mêmes personnes qui ont répondu en 2008 et en 2010. C’est toute la différence entre une étude de cohorte et une enquête, une démarche scientifique et un sondage…

      J’avais fait un article sur « Mesurer le bien-être » , peut-être ce à quoi tu fais allusion sur la mesure du bonheur ?

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