Sois belle et exprime-toi !

31 octobre 2010 Un commentaire Par Ghislaine

Un débat anime ma petite communauté Facebookienne sur l’élection de Miss France, ou plutôt sur la présence de Juliette Polge, une jeune diplômée d’HEC dans la course. Les échanges sont assez passionnels, et d’autant plus passionnants que l’amie qui soutient cette candidature est elle-même diplômée et anime HEC au féminin, dont le but est de promouvoir la carrière des femmes cadres.

Rapidement, dans cet échange, deux groupes se forment : d’un côté ceux qui pensent que les concours de beauté sont des « foires aux bestiaux », et ne comprennent pas la motivation de Juliette, et de l’autre ceux qui pensent que sa présence démontre qu’on peut être belle et intelligente, et qu’on peut revendiquer les deux.

Célebrer la beauté est-il dégradant ?

La célébration de la beauté ne s’applique pas qu’aux femmes. Les boys band, les James Bond et autre films de Schwarzenegger, lui-même élu en son temps Mister Univers, en sont un contre-exemple criant. L’idée que les concours de beauté sont misogynes est un raccourci un peu rapide. En revanche, les icônes de beauté sont souvent considérées comme des personnes peu intelligentes ou en tout cas, leurs idées sont rarement mises en avant. Y a-t-il un lien de cause à effet, où est-il vraiment impossible de rassembler, chez une même personne, ces deux qualités ?

La beauté est un argument marketing à part entière, qui sert les arts comme le cinéma ou la musique, mais qui s’étend à des domaines « intellectuels » : la politique (Dominique de Villepin, Ségolène Royal, Rama Yade), l’humour (Florence Foresti et Gad Elmaleh), le journalisme (Harry Roselmack, Laurence Ferrari)… Je vous laisse compléter la liste.

Pour ces exceptions que la nature aurait doté de tous les dons, le moindre faux-pas est cependant source de buzz immédiat. La beauté est prise comme seule et unique responsable de leur succès, et toutes les réussites intellectuelles complètement oubliées dès qu’une bêtise sort de leurs bouches ravissantes. En témoigne le buzz récent autour du lapsus de Rachida Dati, ou les approximations de Ségolène Royal sur l’histoire de l’esclavage en mai dernier.

Pourquoi oppose-t-on beauté et intelligence ?

Que celui qui peut répondre à cette question fasse un commentaire tout de suite ! Peut-être parce qu’il est rassurant de penser qu’on ne peut pas avoir les deux.

C’est peut-être aussi que la beauté distrait. Quand je regarde quelqu’un de beau, je suis absorbée par la contemplation de cette beauté,  je fais attention à une expression, un sourire, un muscle (ben oui, ce n’est pas la balle qui m’intéresse quand je regarde Rolland Garros…). Et je suis moins attentive à ce que peut dire la personne.

Mais si je suis déçue, frustrée, jalouse ou simplement ignorée, je n’hésiterai pas à souligner l’absence totale de contenu dans le discours que je n’aurais pas écouté, voire même à me moquer de cette beauté écervelée. Ce qui est rassurant, c’est que ce schéma vaut autant pour Schwarzi que pour Dati. Pas de discrimination quand il est question de dénigrer la beauté.

La beauté et l’intelligence sont-ils des dons de naissance ?

Un des commentateurs de Facebook affirme : « ce qui me dérange est de récompenser la beauté, un atout qui est purement le fruit d’un hasard génétique ». Cette théorie est souvent mise en avant, et il est vrai que l’hérédité influence beaucoup notre aspect physique.

La beauté est pourtant beaucoup plus que cela, elle passe par des efforts soutenus tout au long de sa vie, comme prendre soin de son corps, faire du sport, se soigner quand on est malade. Elle repose aussi sur le goût, à travers la coiffure, le maquillage, les habits.

Du côté de l’intelligence, les facteurs environnementaux et les conditions d’un bon développement intellectuel comptent autant qu’une grande curiosité, une capacité d’empathie qui se cultivent aussi.

Que sont aujourd’hui les critères du concours Miss France ?

  • Etre née de sexe féminin
  • Etre française de naissance ou naturalisée.
  • Etre âgée de 18 à 25 ans à la date du 15/11 de l’année en cours
  • Mesurer au minimum 1m70 sans talon
  • Etre célibataire (ni divorcée, ni veuve, non pacsée et ne vivant pas en concubinage)
  • Etre sans enfant
  • N’avoir jamais participé précédemment à aucun concours de beauté similaire autre que ceux patronnés ou organisés par le Comité Miss France, Geneviève et Xavier de Fontenay ou la Société Miss France.
  • La candidate, d’excellente réputation et moralité, de bonne culture générale, certifie n’avoir jamais fait l’objet d’aucune poursuite et/ou condamnation pénale.
  • La candidate devra impérativement résider seule ou au domicile de parent(s) proches(s), toute domiciliation fictive entraînant son élimination du concours, à quelque stade de la compétition que ce soit.
  • La candidate s’interdit tout artifice tendant à transformer son aspect naturel (perruque, postiche, lentilles de couleur, prothèse mammaire…). Toute dissimulation entraînera la disqualification immédiate. Seules sont autorisées certaines opérations de chirurgie esthétique consistant à améliorer un aspect disgracieux ou pour raisons médicales.
  • La candidate reconnaît n’avoir jamais posé ou s’être exhibée dans des tenues ou poses équivoques, partiellement ou totalement dénudée.

Les attitudes conseillées : La politesse, l’esprit de camaraderie, une silhouette élégante, une démarche gracieuse (avec et sans talon), des cheveux et ongles entretenus, une tenue vestimentaire soignée.

Et si ce concours devenait celui des femmes belles et intelligentes ?

PS : je suis tout de même tombée sur cet article du Figaro en faisant mes recherches : « Les blondes sont mieux payées que les autres femmes » … Je vais de ce pas chez le coiffeur ! 😀

 

Un Commentaire

  1. Brice dit :
    Le 1 novembre 2010 - 23:26

    Je trouve ton article d’autant plus intéressant que je prends souvent le concours Miss France comme exemple dans mes formations pour illustrer la difficulté de définir des critères objectifs et partagés sur un sujet pourtant très populaire.

    Je demande en général aux étudiants quels sont les critères qui devraient s’appliquer, et comme ils ont du mal à dépasser « jeune et jolie », je leur propose un personnage absurde comme George Bush ou Mère Térésa. Ils doivent alors dire toutes les qualités présentes ou absentes pour chaque personnage et s’en inspirer pour nourrir leur imagination sur le concours.

    En général, à la fin de l’exercice on dispose de 50 à 70 critères et je réalise soudain que ce ne sont pas ceux de la liste officielle ! Dans l’esprit de mes étudiants, que ce soit à Sciences-Po ou HEC, il y a toujours les valeurs, l’éthique, l’engagement, la réussite, l’intelligence, le courage, etc.

    On peut le voir « verre à moitié vide ou verre à moitié plein ». Comme je suis un garçon optimiste, j’opte pour la seconde perspective. Et je me dis que la perception de ce que représente Miss France évolue rapidement… Les organisateurs seraient bien inspirés d’en tenir compte et la candidature de Juliette les y aidera certainement ! ;D

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