Ecran total

26 avril 2013 Pas (encore) de commentaires... Par Justine

Au bureau, dans le salon, dans la poche, ils se déclinent en ordinateurs, tablettes, smartphones ou télévisions : les écrans ont indéniablement envahi nos vies. Pour notre plus grand bonheur… ou pas, à en croire un sondage publié récemment dans Psychologies magazine¹.

Accros aux écrans ?

Avec une moyenne de 6,3 écrans par foyer français au quatrième trimestre 2012 selon Médiamétrie², contre 6,1 il y a un an (et 3,4 en 2005 !), la tendance ne semble pas prête de s’arrêter. D’autant plus qu’elle est davantage marquée lorsque le chef du foyer est jeune (entre 25 et 49 ans), soulignant un indéniable effet « génération ». Dans une étude publiée en 2010³, l’Insee estimait que le Français passait en moyenne 2 heures et 30 minutes devant un écran… pendant son temps libre. Un chiffre qui ne prenait pas en compte l’usage du smartphone, ni les heures passées devant l’ordinateur du bureau, dont l’usage est régulier pour près de 60 % des salariés (sociétés de 10 personnes ou plus⁴).

Je m’en rends moi-même bien compte au quotidien : après une journée de travail généralement passée devant l’écran, j’ai bien souvent le réflexe d’allumer la télévision en rentrant pour « me détendre » devant mon émission fétiche. Il m’arrive aussi de me rendre à la salle de sports où la plupart des équipements, dernier cri, sont équipées de… mini-téléviseurs. Si on ajoute à cela les séances de cinéma, l’usage de l’ordinateur portable personnel et celui du smartphone, l’addition est lourde… et le sentiment d’être devenu dépendant à ces outils numériques guère éloigné.

Un sentiment partagé par 59% des Français selon le sondage de Psychologies magazine, mené en décembre 2012 sur un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (résultats peut-être un peu biaisés du fait qu’il s’agissait d’un questionnaire auto-administré en ligne…). Le chiffre grimpe à 74% chez les moins de 35 ans. 83% des sujets estiment néanmoins parvenir à se fixer des limites dans leur utilisation.

Un appel à la vigilance

Ces constatations ont amené 50 experts, pour la plupart psychologues, à émettre un appel à la vigilance concernant l’utilisation des écrans. Reconnaissant leur grands apports en termes « d’accès à la connaissance » et « possibilités d’échanges, d’interactions et de coopérations », ces spécialistes mettent en garde contre « l’emprise préoccupante » qu’ils exerceraient sur nos vies et appellent « l’ensemble des acteurs concernés – citoyens, politiques et fabricants – à élaborer des règles de bonne usage des nouvelles technologies, un code de bonne conduite de la vie numérique ».

Premier aspect qu’ils pointent du doigt : les potentielles conséquences d’un usage excessif des écrans sur la santé. Maux de tête et fatigue visuelle en feraient partie, mais la préoccupation des experts concerne avant tout les très jeunes enfants. Selon un avis de l’Académie des sciences⁵, il est démontré que, avant deux ans, « les écrans non interactifs (télé et DVD) […] peuvent avoir des effets négatifs : prise de poids, retard de langage, déficit d’attention, risque d’adopter une attitude passive face au monde ».


Deuxième aspect évoqué par les spécialistes : les risques que représentent les écrans à l’encontre de l’épanouissement personnel. Ainsi chez les ados, ils avancent qu’un « usage trop exclusif d’Internet peut créer une pensée zapping […] appauvrissant la mémoire, la capacité de synthèse personnelle et d’intériorité ».

Des fenêtres ouvertes

Alors les écrans : une nouvelle drogue ? Si un grand nombre de personnes ressentent une forme de dépendance à leur égard, il faut néanmoins relativiser les choses : contrairement à la cigarette par exemple, la science n’a jusqu’à présent pas vraiment étayé l’hypothèse d’une nocivité des écrans pour la santé de l’homme. Les bloggeurs, « twittos » ou encore cinéphiles et télévores en tous genres ne renvoient pas l’image de personnes particulièrement repliées sur elles-mêmes. Pour l’enfant, d’autant plus qu’il est en bas âge, les parents doivent indéniablement contrôler ce qui est visionné mais les écrans constituent à l’heure actuelle l’un des outils pédagogiques les plus appréciés des enfants et donc les plus prometteurs. Pas plus tard que la semaine dernière, un article du Parisien faisait état d’un jeu vidéo visant à inculquer à des collégiens la notion d’équilibre alimentaire de manière ludique⁶!

J’appartiens peut-être à une génération écrans mais à ce que je sache, je n’appartiens pas à une génération renfermée, mais plutôt ouverte et curieuse… Alors un appel à la vigilance oui, mais que cela n’en devienne pas anxiogène ! N’êtes-vous pas de mon avis ? 😉

Références

¹Des écrans à risques, Psychologies magazine, février 2013

²Etude Référence des Equipements Multimédias, GFK/Médiamétrie, février 2013

³Depuis 11 ans, moins de tâches ménagères, plus d’Internet, Insee, novembre 2011

Enquête sur les technologies de l’information et de la communication et le commerce électronique 2010, Insee, février 2011

L’enfant et les écrans, Académie des sciences, janvier 2013

Les collégiens jouent les chefs de cantine, Le Parisien, 15 avril 2013

 

 

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