La cigarette…

13 novembre 2010 15 commentaires Par Ghislaine

La cigarette et moi

J’ai été fumeuse pendant 15 ans. La moitié de ma vie. Je fumais des Philip Morris light, environ un paquet par jour. J’ai eu ma période tabac à rouler, avec le Old Oldborn jaune. Ces noms sonnent comme d’anciens amis, des compagnons d’adolescence. Ils accompagnent de nombreux souvenirs.

J’ai commencé à fumer après une déception amoureuse, comme une provocation, pour montrer je-ne-sais-plus-quoi à je-ne-sais-plus-qui. J’ai aimé l’interdit et le style, et un peu plus tard je ne pouvais plus me passer d’elles. Les cigarettes. La sensation de remplissage, d’apaisement, cette odeur familière et le rituel de la pause : « tu viens, on va s’en griller une dehors… ». La détente, la convivialité, la bizarre impression qu’on a plus chaud, qu’on a moins faim, qu’on est plus réveillé… Avec une cigarette.

Il faut dire qu’à la maison tout le monde fumait, que la plupart de mes amis fumaient, et que tous mes petits copains fumaient. Pas une exception à la règle dans ce dernier cas. L’odeur, familière, rassurante, m’accompagnait tous les jours, tout le temps. D’ailleurs, c’est amusant comme cette habitude influe sur tous les aspects de la vie : les amis de la fac, du lycée (à l’époque on pouvait fumer dans la cour), les amoureux rencontrés autour d’une cigarette…

Bien sûr, je me disais de temps en temps que ce serait bien d’arrêter, que plus tard, que quand j’aurai envie d’un enfant… J’arrêterai, évidemment ! Et puis la liberté, qu’est ce qu’on en fait de la liberté ?! C’est vrai, on ne peut plus rouler vite, on ne peut plus manger ce qu’on veut, on ne peut plus fumer… Mais moi je fumais, je mangeais ce que je voulais et je roulais vite. Et c’était mon choix.

Et puis il y a deux ans et demi, une personne proche a eu une bronchite. Elle a passé une radio, et ce n’était pas une bronchite. C’était une grosse tumeur de 5 centimètres, un cancer avec 15% de chances de s’en sortir. Après le coup de téléphone qui m’a apporté la nouvelle, j’ai fumé une dernière cigarette. J’avais le choix : continuer à fumer tout en sachant que ça me tuerai, ou arrêter. J’ai choisi d’arrêter. Plus précisément : je suis devenue non-fumeur.

Ca n’a pas été facile. J’ai utilisé des patch anti-tabac, j’ai été exécrable avec tout le monde (merci Mélanie !), j’ai pris du poids… Bref, j’ai eu tous les effets secondaires de l’arrêt du tabac.

Comment l’arrêt de la cigarette a changé ma vie

Célibataire à l’époque, j’étais à la recherche de l’âme soeur sur Meetic. Je n’y avais pas encore rencontré le Prince Charmant, mais je n’allais pas tarder :  une semaine après avoir changé l’indication « fumeur » en « non fumeur » sur le site, je recevais un mail de celui qui allait devenir, un an plus tard, mon époux. Le critère « non fumeur » a été notre premier point commun. Nous nous en sommes découverts de nombreux autres…

Pendant les 6 premiers mois de notre histoire, j’ai accompagné le combat contre la maladie. Courageuse, elle a suivi tous les traitements, elle a perdu ses cheveux et ses kilos, son autonomie et une bonne partie de sa santé. Mais elle a été soignée, et aujourd’hui elle est en rémission. Elle avait moins d’une chance sur 7 de s’en sortir.

Chaque visite que j’ai fait avec elle à l’hôpital m’a permis de réaliser que mon corps, ma vie, sont à moi et à moi seulement. Personne d’autre que moi n’est responsable de mon comportement. Personne ne peut décider à ma place de ce que je dois faire. Je n’ai qu’une vie, il n’y en aura pas d’autre, et il n’appartient qu’à moi d’en faire quelque chose de bien… Ou pas !

C’est fou d’attendre 30 ans pour comprendre ça, non ?

Photo de lucaszoltowski

 

14 Commentaires

  1. Claire dit :
    Le 13 novembre 2010 - 23:43

    Si ma soeur pouvait le comprendre avant ses 30 ans, ce serait un tres beau cadeau pour moi…
    merci pour ce texte Ghislaine, je lui enverrai peut etre le lien, sait-on jamais !

    Claire

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    • Ghislaine dit :
      Le 14 novembre 2010 - 13:53

      Merci Claire. C’est bizarre comme mécanisme, le tabac. D’autres proches fument encore autour de moi, et ça me fait toujours mal de les voir fumer. J’aimerai bien que ce texte aide d’autre personne, si c’est le cas j’aurai l’impression d’avoir été utile 🙂

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  2. Brice dit :
    Le 14 novembre 2010 - 00:21

    Moi je dis que tu as été très bien inspirée sur ce coup-là ! ;D

    Ton message est certainement aussi un précieux témoignage pour tous ceux qui essaient d’arrêter ou qui y pensent. Je te vois plus heureuse de jour en jour et, peu à peu, reprendre ton souffle dans la vie… C’est beau ce que tu as accompli, tu peux en être fière.

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    • Ghislaine dit :
      Le 14 novembre 2010 - 13:57

      C’est vrai que c’est fou, le changement depuis deux ans… J’ai vraiment l’impression d’avoir tourné une page. Je ne sais pas si j’en suis fière mais en tout cas j’en suis heureuse, et c’est déjà pas mal ! L’amour a aidé aussi :D…

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  3. Mélanie dit :
    Le 14 novembre 2010 - 20:42

    Je comprends donc maintenant pourquoi je n’ai jamais eu beaucoup de petits copains dans ma jeunesse: j’avais fait le choix de rester seule, isolée dans le préau non fumeur du lycée, alors que les plus beaux garçons, les bad boys, les séducteurs – tous fumeurs – étaient du côté obscur!… Bah, je ne regrette rien! Fumer tue.

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    • Ghislaine dit :
      Le 14 novembre 2010 - 22:21

      D’autant plus que les bad boys aujourd’hui ne sont plus si beaux, et que tu as trouvé un chéri qui t’emmène au bout du monde… Ou en tout cas un peu plus près du soleil… Pas si mal finalement 🙂

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  4. Emilie dit :
    Le 18 novembre 2010 - 12:16

    Bravo Ghislaine pour ce blog très intéressant et esthétiquement agréable (c’est important) !
    « JE N’AI JAMAIS FUME ET JE FUMERAI JAMAIS » C’est ce que je me plais à dire lorsqu’on me pose la question… Et je suis fière de ne pas avoir cédé à la tentation au cours des années collège, lycée et fac.
    Il n’a en effet pas été facile de rester les bras ballants (de ne pas savoir quoi faire de ses dix doigts) pendant les récrés, les pauses, et autres sorties de fac mais la volonté a été la plus forte : NE JAMAIS COMMENCER !!!
    Facile à dire quand on a été bien entourée, notamment pas une famille non fumeuse, ça aide beaucoup !
    J’ai bien sûr essayé, comme tout le monde, mais le crapotage ne m’intéressait pas, je ne savais pas fumer donc je n’ai pas persisté, tout simplement. Et puis… j’aime trop la gastronomie française pour ne plus apprécier le goût des bonnes chooses à cause de la cigarette 😉
    J’arrête-là car je pourrais en parler des heures tellement la cigarette m’incommode et petit clin d’oeil : mon amoureux et moi avons aussi ce point commun de souhaiter partager la vie d’un(e) fumeur(euse)… Bonne continuation !

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    • Ghislaine dit :
      Le 20 novembre 2010 - 16:55

      C’est vrai que ne pas commencer c’est encore le plus simple… Je me demande comment je réagirai lorsque le problème se posera pour mes enfants. Parfois il faut faire des erreurs pour comprendre ce qui est bien. Parfois non 🙂 !

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  5. Céline dit :
    Le 25 novembre 2010 - 22:01

    J’étais stagiaire avec Christelle quand tu as arrêté de fumer et je m’en rappelle bien, j’avais arrêté peu de temps après, malheureusement pas pour assez longtemps. ce qui est marrant c’est que j’ai de nouveau arrêté le 11 novembre dernier, soit 2 jours avant ton post sur la cigarette et je me reconnais bien dans ton commentaire parce que je suis devenue un peu tyrannique avec mon entourage proche encore fumeur.
    c’est fou de voir qu’il y a deux semaines j’étais encore fumeuse et que maintenant ça me rend très triste de voir les gens que j’aime fumer.
    en tout cas bon courage pour ton aventure blogistique, tu es bien partie!

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    • Ghislaine dit :
      Le 26 novembre 2010 - 15:13

      Bonjour Céline,

      Merci pour ton commentaire et tes encouragements, et bravo pour cette décision.
      C’est tellement bien de se faire du bien 😀 !

      A très bientôt,

      Ghislaine

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  6. Julie dit :
    Le 19 janvier 2011 - 01:53

    Fumer permet de vivre décemment à beaucoup de gens dans les pays en développement , l’industrie du tabac bien que diabolisé est aussi une source de revenus important pour les états occidentaux.
    Les bénéfices sont investis dans de nombreuses entreprises et de nombreux secteurs de l’économie, ce qui est vital en période de crise.
    Fumer détends considérablement, ce qui rends les rapports humains plus facile et moins agressifs.
    Fumer nous offre aussi une meilleur éveil et de manière général une attention plus soutenue, surtout pour les travaux de nuit.
    Arrêter de fumer c’est très bien comme objectif, mais je pense que c’est une action à prendre avec mesure, il ne faut pas céder à un mouvement général visant à déstabiliser un marché fleurissant, grâce à Dieu, de plus en plus de jeunes fument et l’avenir semble assuré.
    Le problème c’est qu’une société bien pensante, se permet d’imposer leur idéologie « blanche » à tous, en usant de procédés très discutable, en censurant les médias, en augmentant les prix de certains produits ciblé accentuant la diminution du pouvoir d’achat des classes moyennes.
    Lutter contre nature n’est pas forcément la meilleur solution pour se révéler, n’oubliez pas que supprimer tout plaisir n’est pas forcément une solution pour une vie saine et équilibrée, je pense que la mesure et la modération sont la clé d’un bon équilibre.

    Amicalement,

    Julie.

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    • Brice dit :
      Le 19 janvier 2011 - 13:46

      Je m’étais toujours demandé s’il y avait des personnes qui « croyaient » à la cigarette, car nous rencontrons toujours des fumeurs repentants qui fument à contre-cœur et font tout pour arrêter sans y parvenir. Il en existe donc ! C’est vraiment une chance de te rencontrer, et que tu prennes la peine de rédiger ce commentaire.

      Pour les revenus, c’est indéniable. Je pense que si la France légalisait la production d’héroïne, comme le fait l’Afghanistan en tolérant les implantations industrielles des seigneurs de guerre, nous pourrions considérablement augmenter ces revenus. En ajoutant à cela la revente des déchets nucléaires d’Areva aux organisations terroristes et l’hébergement protégé de sites pédo-pornographiques, nous pourrions même devenir une des nations les plus riches du monde occidental !

      Fumer détend, bien entendu. Ce n’est pas d’ailleurs les bénéfices à court termes qui posent problème. S’il n’y avait qu’eux, tout le monde célèbrerait le tabac. Mais mon oncle, qui a un triple cancer de la gorge, des poumons et de la vessie, après avoir fumé pendant trente ans « à la chaîne », n’est pas très détendu ces dernières années. Comment te dire ? Une mort lente et certaine, dans des souffrance terribles et handicapantes (il ne peut quasiment plus bouger de son lit depuis deux ans), c’est stressant…

      Je crois que mon grand-oncle n’était pas très détendu non plus lorsqu’une artère a soudainement éclaté dans sa gorge, au milieu d’un repas familial, et qu’il s’est noyé dans son propre sang après six ans de lutte contre son cancer. Mais c’est une supposition, car hélas je l’ai très peu connu et je n’ai jamais eu l’occasion, du coup, de pouvoir en parler avec lui.

      Enfin « Grâce à Dieu » et « Lutter contre la nature » me laissent, par contre, plus perplexe. Je suis non-croyant, mais je pense que la nature nous donne de bons et de mauvais conseils. Certainement, Bertrand Cantat avait une nature violente et appréciait l’alcool, mais à tout prendre, il aurait peut-être dû lutter un peu plus contre lui-même et un peu moins contre Marie Trintignant (où fumer une cigarette pour se détendre ? Je veux bien faire une exception dans son cas…).

      Ces derniers temps, beaucoup de gens s’indignent du Médiator, qui a peut-être des vertus thérapeutiques mais au prix de plusieurs centaines de morts. Et donc il est retiré du marché, ce qui ne soulève guère d’opposition. La cigarette détend, au prix de plusieurs centaines de milliers de morts, et on la commercialise encore. Cherchez l’erreur… 😉

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  7. Ghislaine dit :
    Le 19 janvier 2011 - 16:59

    Bonjour Julie,

    Je vous invite à lire la page A propos, qui demande:
    « Les utilisateurs de ce blog sont tenus d’indiquer les sources (références, liens, etc.) des données médicales ou scientifiques diffusées si elles ne proviennent pas de leur expérience personnelle. »

    Je trouve effectivement, comme Brice, assez incroyable de voir qu’une telle position puisse être tenue. J’espère que vous ne fumez pas, car si c’est le cas je serais vraiment désolée qu’une personne aussi rare que vous meure dans des conditions aussi atroces.

    J’espère que vous n’aurez jamais la douleur de vivre un cancer ou d’accompagner un de vos proches dans cette épreuve, mais vous pourriez peut-être vous rapprocher de personnes ayant vécu cela. Vous y gagneriez un nouveau point de vue… Et peut-être quelques années de vie en bonne santé.

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  8. LASNIER Robert dit :
    Le 23 février 2018 - 20:29

    Ce que je trouve très étonnant de voir les fumeurs parler de liberté ! Se rendent -ils compte de l’ineptie totale de ce discours ! Quand on clope, on est tout le contraire d’une personne libre ! On est un esclave ! Il suffit d’ouvrir les yeux … Il est libre celui qui doit quitter son boulot pour cloper toutes les heures ? Il est libre celui qui se gèle dans le froid,dehors pour fumer, plutôt que de rester bien au chaud sans fumer ???… Elle est libre, la femme enceinte qui intoxique délibérément son embryon sas encourir la moindre sanction ?… NON, mille fois non, je vois là des esclaves ! Et pire, des esclaves qui ne s’assument pas puisqu’ils se prétendent libres ! Les fumeurs sont das un déni permanent ! J’en connais un qui fait la leçon à ses enfants pur les yaourts périmés depuis deux jours et qui fume son bon paquet de cigarettes chaque jour !!!

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Un Trackback

  1. Par Sexe, Drogue & Nutrition | Comportement identitaire le 25 septembre 2011 à 17:18

    […] même raisonnement avec un autre proche, sur la cigarette (que j’évoque ici) : si le cancer, la chimiothérapie, la perte des cheveux, les vomissements, les 25 kilos en moins, […]

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