Les Français, internet et la pornographie

3 mai 2014 7 commentaires Par Ghislaine

Internet a bouleversé l’usage de la pornographie : danger pour les adolescents selon certains, outil de communication et de prévention pour d’autres… Nombreux sont les articles qui s’intéressent à son impact sur la sexualité, mais peu portent sur les usages et les contenus : une étude IFOP parue le 14 avril dernier nous éclaire sur les pratiques et les usages des Français en matière de pornographie sur le net.

La recherche du naturel

Le plus étonnant dans cette enquête, c’est la recherche de naturel par les internautes : que ce soit le physique des acteurs/actrices (74%) ou le réalisme des situations (66%), pas de place pour la science fiction ou les scénarios rocambolesques quand on met le sexe en scène. On veut y croire ! En contrepartie, pas besoin de star du X pour attirer les spectateurs : seuls 22% trouvent leur présence importante. Alors Rocco Siffredi peut aller se rhabiller… Et son équivalent féminin que je ne connais pas aussi !

Cette recherche de naturel est plus importante qu’en 2012 : à l’époque, 60% des hommes et 40% des femmes y attachaient de l’importance, et respectivement 60% et 35% pour le réalisme des situations et des scènes de sexe.

Les hommes sont plus précis que les femmes dans leurs recherches

Les catégories de films les plus recherchés sont les films amateurs, pour 63% des sondés qu’ils soient hommes (64%) ou femmes (63%). Les femmes n’ont pas vraiment d’autres critères, alors que les hommes en ont beaucoup : que ce soit le type ethnique des acteurs, leur âge, la taille des seins ou le type de cheveux pour les caractéristiques physiques, ou les pratiques/positions.

Les pratiques les plus recherchées restent assez soft : seuls 5% des sondés sont intéressés par les pratiques BDSM (bondage, domination, sado-masochisme), qui sont d’ailleurs plus des femmes (6%, contre 4% pour les hommes, pour plus de détails, voir ici).

Les critères les plus importants pour les hommes, hormis le naturel, sont la beauté des acteurs/actrices (62%), des tenues et de la lingerie (51%), la présence de scènes de fellation (45%) et la qualité du scénario (44% !) ainsi que le nombre de scènes X (42%).

Pour les femmes, le naturel est le seul critère qui dépasse les 35%. Les autres critères sont la beauté des acteurs (35%), des tenues et de la lingerie (31%) et des décors (27%) et aussi la qualité du scénario (37%, décidément…).

Une pratique qui reste majoritairement masculine, mais…

Sans surprise, la fréquentation des sites X concerne plus d’hommes que de femmes (79% contre 41%), et elle augmente depuis 2005 (30% et 4% respectivement). Plus on avance en âge et moins on surfe sur les sites X : 93% des hommes de 18 à 24 ans les ont déjà fréquentés, contre 59% des 50 ans et plus.

C’est pour les femmes que ça change un peu. Les jeunes sont plus nombreuses : 56% des femmes de 18 à 24 ans, et 55% de 25 à 34 ans, contre seulement 16% des plus de 50 ans. Même constat sur les DVD et la TV : 49% des femmes de 18 à 24 ans et 68% des 25 à 34 ans en ont déjà regardé, faisant de la classe des 25-34 ans la plus consommatrice de pornographie chez les femmes.

L’enquête IFOP de 2012 montre que le contexte de visualisation des films pornographiques est très différentes en fonction du sexe : les femmes le font principalement en couple (62% de celles qui ont déjà regardé un film X) alors que les hommes le font seuls (91%) ou avec des amis (40%).

Le porno féminin, un acteur de l’égalité hommes/femmes ?

Il y a deux ans, le lancement d’un site pornographique pour les femmes (Dorcelle.com) avait fait du bruit. Choquant pour certain, salué par d’autres, il a eu le mérite de susciter des réflexions et des articles sur les fantasmes des femmes et la sexualité en général.

Si les experts dans ce domaine s’accordent pour dire que la sexualité féminine n’est pas si différente de la sexualité masculine, il n’empêche que l’image collective que l’on s’en fait est très différente : physique, pulsionnelle et mécanique pour les hommes, émotionnelle, romantique et psychologique pour les femmes. Il serait temps de parler un peu plus de sexualité dans les médias et peut-être un peu moins des faits divers…

Sources :

Les goûts et les usages des Français en matière de pornographie… Enquête sur la consommation de films X sur Internet, avril 2014

Les Français, les femmes et les films X, novembre 2012

Pour aller plus loin :

Enquête multi-pays sur la satisfaction sexuelle, juin 2013

Le sexe 2.0 : enquête sur le sexe virtuel via les webcams et les nouvelles technologies, avril 2013

Les Français et le « mommy porn » : enquête sur les fantasmes sexuels des Françaises et leur consommation de livres érotiques, janvier 2013

 

 

7 Commentaires

  1. Brice dit :
    Le 6 mai 2014 - 02:38

    Et il n’y a pas que pour les humains que la pornographie progresse. Pour les panda aussi :

    http://www.atlantico.fr/decryptage/porno-solution-pour-ranimer-libido-pandas-menaces-extinction-chine-beauval-291962.html

    Peut-être la montée de la pornographie en France est-elle liée à la baisse de la fécondité ? Reste à savoir si c’est la cause ou la conséquence…

    😉

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